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Le syndrome de l'imposteur

Elise Lefèvre

Un collègue vous dit : “Bravo pour ta présentation, elle était vraiment parfaite. Je n’aurais pas fait mieux !”

Vous répondez : “Oh c’est pas grand chose. J’ai l’habitude après plusieurs mois.” 

ou bien “J’ai pas arrêté de buter sur un mot et en plus je me suis rendue compte que les couleurs utilisés dans les infographies ne rendent pas bien du tout!”


Autre situation, on vous propose de remplacer votre supérieur dans un déplacement professionnel. 

Vous réagissez : “Pourquoi moi ? Il faudrait envoyer un autre responsable, en ma qualité je ne suis pas digne de représenter les intérêts du service.”

ou encore :”Oh la la comment je vais faire, je n’ai jamais fait ça moi avant.” 


Vous vous reconnaissez dans ces exemples de réaction ? Vous souffrez du syndrome de l’imposteur. Malgré ce nom de “syndrome”, rien de grave, je vous explique dans cet article comment le reconnaître et le “soigner”.


Un peu de contexte, un peu d’histoire…


Le syndrome de l'imposteur est un phénomène (et non une maladie) psychologique qui se traduit par le fait d’avoir des doutes sur ses compétences et ses réalisations. On aura le sentiment d'être un imposteur, malgré des preuves évidentes de son succès. Ce syndrome, décrit pour la première fois dans les années 1970 par les psychologues Pauline Clance et Suzanne Imes, touche des personnes de tous horizons, quels que soient leur âge, leur sexe ou leur niveau d'éducation. 


Des profils de personne sensible au phénomène


Le syndrome de l'imposteur peut toucher des personnes de tous horizons et de tous milieux. Il ne dépend pas d'un facteur spécifique tel que le sexe, l'âge, l'éducation ou le statut socio-économique. Cependant, certaines catégories de personnes semblent être plus susceptibles de ressentir ce sentiment que d'autres.


Voici quelques groupes qui peuvent être plus touchés :

  • Les personnes à haut niveau de réussite : Les individus qui ont atteint des niveaux élevés de réussite, que ce soit dans leur carrière, leur éducation ou d'autres domaines, peuvent être plus enclins à ressentir le syndrome de l'imposteur. Ils peuvent se sentir sous pression pour maintenir leur niveau d'excellence et craindre que leur succès ne soit pas mérité.

  • Les perfectionnistes : Les perfectionnistes ont tendance à fixer des standards extrêmement élevés pour eux-mêmes et à rechercher la perfection dans tout ce qu'ils entreprennent. Cette quête constante de perfection peut alimenter les sentiments d'imposture, car ils se sentent toujours en deçà de leurs propres attentes.

  • Les jeunes diplômés : Les personnes qui viennent de terminer leurs études et entrent dans le monde professionnel peuvent se sentir moins confiantes quant à leurs compétences et à leur capacité à réussir dans leur nouvelle carrière. L'absence d'expérience professionnelle peut alimenter ce sentiment d'imposteur.

  • Les minorités et les groupes sous-représentés : Les individus qui font partie de groupes minoritaires ou qui sont sous-représentés dans leur domaine professionnel peuvent ressentir une pression supplémentaire pour prouver leur valeur et se sentir comme des "intrus" dans un environnement où ils se sentent peu représentés.

  • Les personnes en transition de carrière : Les personnes qui changent de carrière ou qui se lancent dans de nouveaux domaines peuvent se sentir comme des imposteurs, car elles font face à l'incertitude et à l'inconnu.

  • Les personnes ayant subi des critiques ou des échecs : Les individus qui ont vécu des expériences négatives telles que des critiques sévères ou des échecs peuvent être plus enclins à douter de leurs capacités et à ressentir le syndrome de l'imposteur.


Toutefois, le syndrome de l'imposteur peut toucher n'importe qui, et il n'est pas limité à ces groupes spécifiques. 


Les causes du syndrome de l’imposteur


Le syndrome de l'imposteur trouve ses racines dans des sentiments d'insécurité et d'auto-dévalorisation. Les personnes qui en souffrent ont tendance à minimiser leurs réussites et attribuent leur succès à des facteurs externes tels que la chance ou des circonstances favorables, plutôt qu'à leurs propres compétences. Ils craignent que les autres découvrent leur prétendue "imposture" et les jugent comme incompétents. Ce sentiment persistant peut entraîner de l'anxiété, de la dépression et freiner la réalisation de leur plein potentiel.


Les principales causes du syndrome sont internes et externes à soi. Certaines personnes auront tendance à se surcharger de travail pour démontrer leur valeur. Dans d’autres cas, la pression mise par l’équipe managériale peut également être un vecteur important. On vous en demande toujours plus, vous vous dévalorisez pensant ne pas pouvoir y arriver ou bien essayant d’atteindre à tout prix les objectifs fixés quitte à vous oublier.  Dans ces deux cas, la surcharge de travail aboutit au burn-out.


Comment le syndrome de l’imposteur se manifeste-il ?


On peut plus ou moins souffrir de ce phénomène. Il se manifeste principalement au travail, mais peut aussi se manifester dans la vie personnelle. A chaque personnalité et situation une réaction différente plus ou moins accentuée.


En début d’article j’ai essayé de retranscrire les attitudes générées :

  • Autocritique excessive : Ils se jugent sévèrement, soulignant constamment leurs erreurs et négligeant leurs réalisations positives.

  • Le perfectionnisme : Ils s'efforcent d'atteindre la perfection dans tout ce qu'ils entreprennent, mais se sentent toujours insatisfaits de leurs résultats.

  • Le déni des réalisations : Ils minimisent leurs succès et attribuent souvent leur réussite à des facteurs extérieurs plutôt qu'à leurs compétences.

  • La peur d'être exposé : Ils craignent d'être démasqués comme des "imposteurs" devant leurs pairs, amis ou collègues.

  • L'évitement des défis : Ils peuvent éviter de nouvelles opportunités ou projets par peur d'échouer et de se faire juger.


Comment surmonter son syndrome de l'imposteur


Surmonter le syndrome de l'imposteur c’est renforcer sa confiance en soi. Voici quelques stratégies à adopter et réflexions à menées :

  • Identifiez et reconnaissez vos sentiments : Prenez conscience que vous êtes confronté au syndrome de l'imposteur, c’est la chose la plus importante. Acceptez vos doutes, car cela vous permettra de commencer à les surmonter.

  • Parlez de vos sentiments : Partagez vos doutes et vos craintes avec des personnes de confiance. Souvent, exprimer ces sentiments peut les rendre moins écrasants et vous faire réaliser que vous n'êtes pas seul. 

  • Tenez un journal de vos réalisations : Notez vos succès et vos accomplissements, grands et petits, pour vous rappeler vos capacités et vos compétences.

  • Apprenez à accepter l'échec : Reconnaître que l'échec fait partie du processus d'apprentissage et n'implique pas que vous êtes un imposteur.

  • Soyez bienveillant envers vous-même : Pratiquez l'auto-compassion et traitez-vous avec la même gentillesse que vous le feriez envers un ami qui se sentirait inadéquat.


Le syndrome de l'imposteur peut être un fardeau émotionnel qui limite notre potentiel et notre épanouissement. Cependant, il est important de se rappeler que ce sentiment est répandu et peut être surmonté avec effort et soutien. En reconnaissant et en adressant les doutes, nous pouvons progressivement renforcer notre confiance en nous-mêmes et réaliser que nos succès sont le fruit de nos compétences et de nos efforts, et non d'une simple chance. Avec une approche bienveillante envers nous-mêmes et en acceptant que l'échec fait partie du parcours de la vie, nous pouvons libérer notre potentiel et embrasser notre authenticité avec assurance.



Mon conseil si vous souffrez du syndrome de l’imposteur au travail : demander à votre manager ou aux paires qui connaissent le mieux votre travail ce qu’il pense être vos points forts. A l’issue de tâches effectuées, demander un feedback pour renforcer votre confiance en vous. N’hésitez pas à demander conseil pour vous améliorer dans une compétence si celle-ci est bel et bien un frein à votre développement au travail.

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